Le mot de la semaine

« Regardez-y de près, et vous verrez que le mot liberté est un mot vide de sens ; qu'il n'y a point, et qu'il ne peut y avoir d'êtres libres ; nous ne sommes que ce qui convient à l'ordre général, à l'organisation, à l'éducation et à la chaîne des événements. Voilà ce qui dispose de nous invinciblement [...]. Ce qui nous trompe, c'est la prodigieuse variété de nos actions, jointe à l'habitude que nous avons prise tout en naissant de confondre le volontaire avec le libre. »

Diderot
, Lettre à Landois, 29 juin 1756
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Max Stirner : L'Unique et sa Propriété.


En allemand, Der Einzige und sein Eigentum. Kézako ? Rien moins que l'oeuvre principale qu'un certain Johann Caspar Schmidt fait publier à Berlin en 1844 sous le pseudonyme de Max Stirner.


L'origine de sa pensée doit être cherchée dans le courant dit de la "critique pure", issue de l'aile gauche de l'hégelianisme. Pour Stirner, l'erreur de la critique pure provient de son caractère négatif et abstrait ; toutefois le dépassement de cette attitude de pensée, le moment positif de la réalité qui doit résulter de cette négation, n'est pas l'histoire, construite elle aussi sur des systèmes et des positions idéologiques, mais bien l'individu dans sa réalité fondamentale et absolue, source de toute valeur, de toute pensée et de toute action. En fait, la cause de Dieu, de l'Humanité, du Peuple, de la Vérité, de la Liberté ne sont que des idéaux égoïstes qui mènent à la négation de tous les autres intérêts, d'où l'affirmation que le meilleur égoïsme est encore l'égoïsme envers soi-même, puisque le Moi est "l'unique, le néant d'où nous tirons tout".

Ce principe d'individualisme absolu, qui constitue le thème du livre, est posé d'abord comme critère d'interprétation de l'histoire, ensuite comme principe radical de critique et de réforme de la nouvelle humanité. Si l'antiquité a voulu idéaliser le réel et a fini ainsi par le nier et à le mépriser par excès de sagesse, le monde moderne veut réaliser l'idéal et finira par nier dans la réalité l'idéal même(1). Un tel processus - et ici on sent poindre le spectre de la vision historique hégélienne - a commencé avec le mythe chrétien du Dieu qui s'est fait homme. Le caractère immanent de la culture et de la philosophie modernes n'est rien d'autre que le terme d'une évolution.

C'est dans cette perspective que Max Stirner analyse les phénomènes de culture et les structures éthiques pour y trouver l'acte qui constitue l'égoïsme et critiquer ensuite tant l'ordre social traditionnel fondé sur des privilèges idéologiquement consacrés que les doctrines réformatrices faisant appel à un abstrait principe d'égalité collective qui aboutit à l'idée d'un État souverain. La vraie réforme consiste dans la reconnaissance de la souveraineté de l'individu. Où conduit une telle attitude, nous l'ignorons. "Que fera l'esclave lorsqu'il aura brisé ses chaînes ? Attendez et vous le saurez." Hélas, nous n'avons pas fini d'attendre...

On a souvent parlé de Stirner comme du plus anarchiste et du plus farouche des individualistes. En réalité cette "attente" trahit l'exigence d'une nouvelle éthique - peut-être d'ailleurs, est-ce précisément cette éthique qu'essaye de théoriser Michel Onfray, lequel ne cache pas son immense dette envers Stirner(2). L'Unique représente la pointe extrême d'une pensée dialectique qui vise à dépasser le compromis de l'Idéalisme hégélien, et cette pensée est aujourd'hui encore d'une actualité si brûlante qu'on croit discerner en Stirner les premiers accents de l'existentialisme : car l'"Unique" n'est que l'existant en tant que tel et par conséquent, en même temps, le néant absolu dont tout vient et auquel tout retourne.


Nous pouvons ajouter enfin que la pensée ultra-individualiste de Stirner semble avoir été l'une des grandes influences de Nietzsche, bien que ce dernier ne le reconnaisse jamais explicitement(3). Si l'on en veut une preuve, que l'on compare la pensée de Stirner sur l'individualisme et le potentiel néfaste des utopies socialistes à ce passage extrait d'Humain, trop humain (473) : "Le socialisme est le fanatique frère cadet du despotisme presque défunt, dont il veut recueillir l'héritage ; ses efforts sont donc, au sens le plus profond, réactionnaires. Car il désire une plénitude de puissance de l'État telle que le despotisme seul ne l'a jamais eue, même, il dépasse tout ce que montre le passé, parce qu'il travaille à l'anéantissement formel de l'individu : c'est que celui-ci apparaît comme un luxe injustifiable de la nature, qui doit être par lui corrigé en un organe utile de la communauté." - C'est nous qui surlignons.

Antisthène Ocyrhoé.

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Notes & Remarques :

1. Quand on voit les tournures qu'ont prises les expériences russe, chinoise et cubaine - entre autres - on ne peut que saluer en Stirner un visionnaire...
2. cf. La Sculpture de soi, La Politique du rebelle, etc.
3. Ce qui n'est peut-être pas si étonnant que cela : les philosophes n'aiment pas beaucoup reconnaître leurs dettes, et ce sont souvent ceux à qui ils doivent le plus qu'ils citent le moins.

Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir : Prières d'insérer.



Il y a quelques jours, j'ai acheté un extrait de l'essai Le Deuxième Sexe, publié sous le titre de "La femme indépendante" dans la collection Folio 2€. Cette collection est bien pratique, car cela faisait un moment que j'hésitais à acquérir l'ouvrage complet, de peur de ne pas savoir le lire (à cause de ses 1000 pages, ou de sa possible difficulté). Ce fut pour moi une vraie révélation ; le Folio compte plus ou moins 130 pages, je l'ai dévoré en 2/3 heures le jour même. Rassuré donc sur l'accessibilité de l'ouvrage, et stimulé par cette première plongée dans l'essai beauvoirien, je me suis précipité acheter l'ouvrage complet. Il est plus que probable que je lui consacrerai un article détaillé quand j'aurai eu le temps de bien le méditer. Ce qui ne pourra vraisemblablement pas se produire avant les vacances d'été. Mais, ne résistant pas à l'envie de vous donner un avant-goût de ce travail remarquable, j'ai mis la main sur les "prières d'insérer" qui accompagnaient chacun des deux tomes à leur parution, que je publie ici. Cela vous donnera peut-être envie de vous intéresser à cet essai en même temps que moi.

Antisthène Ocyrhoé.



Le DEUXIEME SEXE - I : Les faits et les Mythes.


Voilà des siècles qu'on épilogue pour décider si la femme est inférieure, supérieure à l'homme, ou son égale. "C'est un homme manqué" dit Saint-Thomas ; un "os surnuméraire" renchérit Bossuet ; Michelet l'appelle "l'être relatif". Mais si Ève a été tirée d'un os, Adam naquit d'un paquet de boue ; si le Christ s'est fait homme, c'est peut-être par humilité. Poulain de la Barre nous met en garde : "Tout ce qui a été écrit par les hommes sur les femmes doit être tenu pour suspect car ils sont à la fois juge et partie. " Avant d'assigner à la Femme son rang, il faudrait savoir qui elle est. "Tota mulier in utero" ; c'est une femelle, disent certains. Mais qu'est-ce au juste qu'une femme ? Est-ce la mante religieuse quand elle dévore ses amants, ou l'ourse léchant maternellement son informe ourson ? D'ailleurs, devant certaines femmes douées comme les autres d'un utérus, les connaisseurs décrètent : ce ne sont pas des femmes.

Plutôt, on serait femme par participation à l'éternel féminin. Est-il sécrété par les ovaires ? ou figé au fond d'un ciel platonicien ? on ne nous le dit pas. On le décrit en termes contradictoires. "L'éternel féminin nous attire vers le haut", dit Goethe. mais Lawrence : "La lune, planète des femmes, nous attire en arrière." La femme est une éternelle enfant et elle est la grande Mère, elle est la souriante Isis, la cruelle Kâli, Ève et Marie, la porte du diable, la porte du ciel, la chair et la grâce, Circé et Béatrice, la poésie et la prose du monde. Elle est tout : c'est trop.

En vérité, il s'agit d'un être humain comme vous et moi. Il s'agit d'une multiplicité d'êtres humains fort divers entre eux. Comparer indéfiniment la Femme à l'Homme est oiseux. Il a paru intéressant de chercher à connaître sa situation concrète telle qu'elle-même l'éprouve. C'est présent, l'ère des grandes polémiques étant close, qu'il sera peut-être possible de faire le point.

Mai 1949.



Le DEUXIEME SEXE - II : L'Expérience vécue.


Il n'y a pas d'éternel féminin : cependant, il y a des femmes ; elles constituent au sein de l'humanité une catégorie distincte dont les conduites, la vision du monde, les problèmes sont singuliers. C'est là un fait qu'il s'agit non de nier mais d'expliquer. Il est évident que les données - physiologiques, économiques, historiques - qui conditionnent l'existence de la femme sont enveloppées dans son expérience : mais elles reçoivent leur signification au sein d'un contexte social ; c'est en prenant sa place dans le monde que la femme se découvre, c'est à sa lumière qu'elle se choisit ; ce qu'on appelle son caractère reflète sa situation. En vérité, on ne naît pas femme : on le devient. Comment s'opère cette évolution, par quels chemins un être humain peut-il être conduit à accepter la mutilation qui implique une telle métamorphose, quelles compensations rencontre l'épouse, la ménagère, la mère dans la condition qui lui est traditionnellement assignée, de quelles mystifications se leurre-t-elle, quelles évasions lui sont permises, c'est ce qu'il faut tenter de décrire. Alors on pourra comprendre à quelles difficultés se heurtent les femmes d'aujourd'hui qui cherchent à atteindre une concrète autonomie mais qui sont encore prises dans les rets du passé. Les mots : mystère, destin, sont de commodes alibis ; mais la femme est forgée par la civilisation ; ses limites, ses défauts, ses malheurs, et l'hostilité qui sépare les deux sexes, c'est l'humanité qui en est responsable ; l'avenir est ouvert et le but de ce livre, c'est de paraître bientôt périmé.

Octobre 1949.

Simone de Beauvoir.

Les mots de la semaine.


Il est dommage que les paroles choisies de manière hebdomadaire disparaissent une fois la semaine achevée, comme si elles ne pouvaient plus être source de méditation pour nous ; aussi je crée ce billet pour les consigner au fur et à mesure de leur parution/disparition. Pour l'instant, le billet ne sera pas à jour, car il me faudrait retrouver les citations utilisées depuis la création du blog. Je compte bien le faire, mais cela me demandera un peu de temps, temps dont je ne suis pas sûr de disposer actuellement - vive les examens...


* Semaine du 10 Juillet au 17 Juillet :

« Vêtements, cosmétiques... Dans la multitude des produits proposés, chacun est dit "libre" de se créer, de s'inventer, de faire son choix. Paradoxalement, la pression exercée est telle qu'il est évidemment impossible de ne pas "choisir". Il faut se "faire plaisir", tout en sachant qu'un corps fin, une peau nette, une silhouette tonique, un organisme en bonne santé restent des clefs d'approbation collective et de valorisation sociale.

L'articulation entre individualisme et norme se fait par la notion de culpabilité. Le sujet est coupable quand son corps faillit, quand la maladie apparaît, quand l'esthétique n'est pas au rendez-vous. Reprenons la pensée de J.-P. Sartre : c'est parce qu'il y a liberté qu'il y a responsabilité, donc possibilité d'une faute, c'est-à-dire culpabilisation. Sans cette culpabilité, l'individualisme ne peut s'accorder avec le déploiement de normes, la production de soi avec des recommandations collectives. »

Isabelle Quéval.

* Semaine du 3 Juillet au 10 Juillet :

« Accéder aux Lumières consiste pour l'homme à sortir de la minorité où il se trouve par sa propre faute. Être mineur, c'est être incapable de se servir de son propre entendement sans la direction d'un autre. L'homme est par sa propre faute dans cet état de minorité quand ce n'est pas le manque d'entendement qui en est la cause mais le manque de décision et de courage à se servir de son entendement sans la direction d'un autre. Sapere Aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Telle est la devise des Lumières. »

Kant, Qu'est-ce que les Lumières ?

* Semaine du 26 Juin au 3 Juillet :

« Tous les pouvoirs sans exception s'étendent par leur nature et ne pensent jamais qu'à s'étendre ; en sorte que, dès que la résistance des gouvernés ne s'exerce plus, par cela seul l'arbitraire les tient. »

Alain, Propos.

* Semaine du 19 Juin au 26 Juin :

« Un Être Humain n'est qu'une partie, limitée dans le temps et dans l'espace, du Tout que nous appelons "l'Univers". Cependant il considère sa personne, sa pensée, ses sentiments comme une entité séparée. C'est là une sorte d'illusion d'optique, une illusion qui nous enferme dans une espèce de prison, puisque nous n'y voyons que nos propres aspirations et que nous ne donnons notre affection qu'au petit nombre de personnes qui nous sont les plus proches. Il est de notre devoir de sortir de ces étroites limites et d'ouvrir notre cœur à tous les êtres vivants et à la nature entière dans sa magnificence. Nul n'est capable d'atteindre pleinement ce but, mais nos efforts pour y parvenir contribuent à nous libérer et à nous apporter la sécurité intérieure. »

(Attribuée à) Albert Einstein.

* Semaine du 12 Juin au 19 Juin :

« Nous devons accepter notre existence, aussi complètement qu'il est possible. Tout, même l'inconcevable, doit devenir possible. Au fond, le seul courage qui nous est demandé, c'est de faire face à l'étrange, au merveilleux, à l'inexplicable... La peur de l'inexplicable n'a pas seulement appauvri l'existence de l'individu, mais encore les rapports d'homme à homme, elle les a soustraits au fleuve des possibilités infinies, pour les abriter en quelque lieu sûr de la rive. »

Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète.

* Semaine du 5 Juin au 12 Juin :

« La plupart des gens s'imaginent que la philosophie consiste à discuter du haut d'une chaire et à faire des cours sur des textes. Mais ce qui échappe totalement à ces gens-là, c'est la philosophie ininterrompue que l'on voit s'exercer chaque jour d'une manière parfaitement égale à elle-même. [...] Socrate ne faisait pas disposer des gradins pour les auditeurs, il ne s'asseyait pas sur une chaire professorale ; il n'avait pas d'horaire fixe pour discuter ou se promener avec ses disciples. Mais c'est en plaisantant parfois avec ceux-ci, ou en buvant, ou en allant à l'Agora avec eux, et finalement en allant en prison et en buvant le poison, qu'il a philosophé. Il fut le premier à montrer que, en tout temps et en tout endroit, dans tout ce qui nous arrive et dans tout ce que nous faisons, la vie quotidienne donne la possibilité de philosopher. »

Plutarque.

* Semaine du 29 Mai au 5 Juin :


« La notion de "Dieu" a été inventée comme antithèse de la vie - en elle se résume, en une unité épouvantable, tout ce qui est nuisible, vénéneux, calomniateur, toute haine de la vie. La notion de "l'au-delà", de "monde vrai" n'a été inventée que pour déprécier le seul monde qu'il y ait - pour ne plus conserver à notre réalité terrestre aucun but, aucune raison, aucune tâche ! La notion d'"âme immortelle", a été inventée pour mépriser le corps, pour le rendre malade - "sacré" - pour apporter à toute chose qui méritent le sérieux dans la vie - les questions d'alimentation, de logement, de régime intellectuel, les soins à donner aux malades, la propreté, le temps qu'il fait - la plus épouvantable insouciance ! Au lieu de la santé, le "salut de l'âme" - je veux dire une folie circulaire qui va des convulsions de la pénitence à l'hystérie de la rédemption ! La notion de "pêché" a été inventée en même temps que l'instrument de torture qui la complète, la notion de "libre arbitre" pour brouiller les instincts, pour faire de la méfiance à l'égard des instincts une seconde nature. »

Friedrich Nietzsche , Ecce Homo.

* Semaine du 22 au 29 Mai :


« L'idée que je n'ai jamais cessé de développer, c'est que chacun - en fin de compte - est toujours responsable de ce qu'on a fait de lui, même s'il ne peut rien faire de plus que d'assumer sa responsabilité. Je crois qu'un homme peut toujours faire quelque chose de ce qu'on a fait de lui. C'est la définition que je donnerais aujourd'hui de la liberté : un petit mouvement qui fait d'un homme totalement conditionné une personne qui ne restitue pas la totalité de son conditionnement. »

Jean-Paul Sartre, Saint Genet, Comédien et Martyr.

* Semaine du 15 au 22 Mai :

« Le gaspillage des matières qui servent à la nourriture des hommes suffit seul pour rendre le luxe odieux à l'humanité. [...] Il faut de la poudre dans nos perruques, voilà pourquoi tant de pauvres n'ont pas de pain. »

Jean-Jacques Rousseau.

* Semaine du 8 au 15 Mai :

« Suppose que tu rencontres un fou qui affirme qu'il est un poisson et que nous sommes tous des poissons. Vas-tu te disputer avec lui ? Vas-tu te déshabiller devant lui pour lui montrer que tu n'as pas de nageoires ? Vas-tu lui dire en face ce que tu penses ? Si tu ne lui disais que la vérité, que ce que tu penses vraiment de lui, ça voudrait dire que tu consens à avoir une discussion sérieuse avec un fou et que tu es toi-même fou. C'est exactement la même chose avec le monde qui nous entoure. Si tu t'obstinais à lui dire la vérité en face, ça voudrait dire que tu le prends au sérieux. Et prendre au sérieux quelque chose d'aussi peu sérieux, c'est perdre soi-même tout son sérieux. »

Milan Kundera, Risibles amours.

* Semaine du 1 au 8 Mai :

« Si tu ne vois pas encore ta propre beauté, fais comme le sculpteur d'une statue qui doit devenir belle : il enlève ceci, il gratte cela, il rend tel endroit lisse, il nettoie tel autre, jusqu'à ce qu'il fasse apparaître le beau visage dans la statue. De la même manière, toi aussi, enlève tout ce qui est superflu, redresse ce qui est oblique, purifiant tout ce qui est ténébreux pour le rendre brillant, et ne cesse de sculpter ta propre statue jusqu'à ce que brille en toi la clarté divine de la vertu. »

Plotin, Ennéades.

* Semaine du 23 au 30 avril :

« Je n'ay rien fait d'aujourd'huy. - Quoy ? Avez-vous pas vescu ? C'est non seulement la fondamentale mais la plus illustre de vos occupations [...] Nostre grand et glorieux chef-d'oeuvre, c'est vivre à propos. C'est une absolue perfection et comme divine, de sçavoyr jouyr loiallement de son estre. »

Michel de Montaigne, Essais III, 13 : De l'expérience.

* Semaine du 19 au 26 janvier :

« Un être ne se construit pas sur des croyances ou des rituels. Il serait trop facile de compter sur des chimères pour faire le travail. »

Jean-Paul Sartre.

* Semaine du 12 au 19 janvier :

« Si c'est la raison qui fait l'homme, c'est le sentiment qui le conduit. »

Jean-Jacques Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse.

* Semaine du 05 au 12 janvier :

« Dans les camps nazis, la conscience résistait et le corps était bafoué sans cesse, tous les jours. Là, dit Robert Antelme, s'est forgée la résistance des âmes et des consciences se refusant à collaborer. En revance, dans le camp planétaire gouverné sans partage par l'ordre capitaliste, le corps est généralement célébré, dans l'hédonisme le plus vulgaire, de sorte que, polarisés sur un rapport narcissique égocentrique et narcissique à soi, convertis aux mérites de cette nouvelle religion de l'amour de soi, les fidèles oublient qu'ils ont aussi une âme. Ils en sont au point où ils ignorent qu'à défaut d'être sollicité, l'esprit est purement et simplement inexistant »


Michel Onfray, Politique du Rebelle.